Dans le cadre du Plan de Lutte contre la Proliférations des Algues Vertes en Bretagne (PLAV), des expérimentations qui visent à la mise en place de solutions «basses fuites d’azote» ont été conduites sur le territoire. Cette journée d’échange pilotée par la Creseb vise à valoriser les connaissances acquises dans le cadre de ces expérimentations, de présenter et de mettre en débat les connaissances acquises au travers de ces expérimentations et d’autres résultats scientifiques et techniques reliant pratiques agricoles et fuites d’azote.
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Pratiques agricoles et fuites d’azote : des liens déjà bien connus
Les connaissances sur les flux d’azote et sur les liens entre pratiques agricoles et fuites d’azote sont aujourd’hui très nombreuses. Il existe en effet de nombreux travaux de recherche appliquée visant à modéliser ou à mesurer les impacts en milieu rural des pratiques et des changements de pratiques sur les flux d’azote.
Une synthèse de ces connaissances a été réalisée par le Creseb, au travers d’un guide comprenant 15 fiches qui décrivent :
- les flux d’azote dans les différentes filières d’élevage et les leviers permettant de réduire ces flux ;
- les flux d’azote en prairie ;
- les flux d’azote associés à la culture des légumes ;
- l’impact des structures paysagères, notamment l’effet tampon, sur les flux d’azote…..
Ces connaissances scientifiques ont pu être complétées par des expérimentations conduites par les instituts techniques qui font régulièrement état des avancées de leurs travaux.
Objectifs de la journée
Les connaissances évoluent cependant régulièrement, au fur et à mesure des expérimentations qui sont conduites sur les territoires, des avancées de la recherche (validation/confrontation des travaux de modélisation à des mesures), mais aussi au regard de l’évolution des questions qui se posent et du besoin de précision exprimés par les gestionnaires.
Cette journée visait :
- à valoriser les connaissances acquises dans le cadre d’expérimentations conduites par les instituts techniques,
- à présenter et mettre en débat les connaissances acquises au travers de ces expérimentations et d’autres résultats scientifiques et techniques reliant pratiques agricoles et fuites d’azote.
Cette journée était animée par Philippe Desnos (association TRAME – Tête de réseaux associatifs de développement agricole et rural). En matinée, des interventions étaient programmées autour de 3 thèmes : les reliquats d’azote, les couverts végétaux, et les prairies.
Les reliquats d’azote
Daniel Hanocq a abordé le thème de la fertilisation au travers des résultats des campagnes de mesures de reliquats azotés. Les reliquats début drainage mesurent les quantités d’azote présentes dans le sol après les récoltes et lorsque la période de drainage débute. La mesure des reliquats permet ainsi de mesurer le risque de lessivage de nitrates en direction des cours d’eau et donne des indications relatives aux pratiques de fertilisation. Une des questions qui ressort à l’issue de cette présentation porte sur la portée de l’outil reliquat en tant qu’outil d’aide au conseil en matière de fertilisation.
Bertrand L’Hotellier a présenté l’évolution de ses pratiques au cours de sa carrière ; optimisation des intrants et de la valorisation de l’azote organique, arrêt du labour….
Son intervention insiste sur le caractère progressif de la démarche et l’inscription de cette démarche dans une approche systémique, c’est-à-dire le fait qu’une action sur un compartiment aura nécessairement des conséquences sur la gestion de l’exploitation. Par exemple, en même temps que l’on cherche à maîtriser la fertilisation azotée, on va aussi tendre vers une meilleure valorisation de l’azote organique.
Questions réponses autour des présentations de Daniel Hanocq et Bertrand L’Hotellier.
Les couverts végétaux
Bertrant Decoopman a abordé les couverts végétaux et démontré l’intérêt qu’ils représentent pour limiter le risque de lessivage de nitrates.
Jean-Philippe Turlin et Stéphanie Floc’h – Chambre d’agriculture de Bretagne – ont abordé deux cas particuliers; celui des couvertes courts (entre deux céréales) et celui des couverts permanents (à base de trèfle blanc). Tous deux ont évoqué les atouts respectifs des deux types de couverts, à la fois du point de vue des fuites d’azote, mais aussi sur le plan agronomique (vie du sol notamment). Leurs interventions ont aussi souligné les contraintes et les coûts liés à l’implantation de couverts et soulignent aussi le besoin de valorisation économique des couverts.
Questions réponses autour des présentations de Bertrand Decoopman, Jean-Philippe Turlin et Stéphanie Floc’h.
Les prairies
Cette intervention a montré que les prairies peuvent être, selon le mode de gestion, à la fois des puits ou des sources de polluants, dont l’azote. Pour refléter cette relation entre mode de gestion et risques de lessivage, on peut prendre des indicateurs « intégratifs », comme le mode de chargement qui correspond à un ratio entre les surfaces utilisées et l’effectif moyen d’animaux présents sur ces parcelles (exprimé en Unité Gros Bovin). Ainsi, le risque de lessivage de nitrates augmente proportionnellement au niveau de chargement. Au-delà d’un certain seuil, les risques de lessivages de nitrates augmentent de façon exponentielle. Finalement, elle rappelle que pour limiter les fuites d’azote en système prairial, la fertilisation et le chargement animal doivent être adaptés. Il existe également des outils d’aide à la décision pour gérer au mieux les prairies (Graztool ; HerbEvol).
Présentation du parcours d’un agriculteur en cours de transition vers un système herbager
Questions réponses autour des présentations de Françoise Vertès et François Leray.
Les travaux en ateliers
Les travaux d’atelier avaient pour objectif de débattre des solutions « basses fuites d’azote » présentées en matinée, au travers de l’identification des freins et leviers à la mise en place de ces solutions. Ils avaient aussi pour objectif d’aboutir collectivement à la rédaction de propositions d’actions (pour lever les freins/maximiser l’impact des leviers) sur chacun des thèmes abordés lors de la matinée.
Six groupes ont été constitués. La méthode utilisée était inspirée du « world café ». Autrement dit, chaque groupe s’appuyait sur les travaux des autres ; traitait chacun des 3 sujets (fertilisation, couverts, prairies) mais au cours d’étapes distinctes.
Lors du premier temps, les personnes travaillant sur la fertilisation étaient amenées à identifier les freins et les leviers permettant de maîtriser les fuites d’azote liées à la fertilisation. Dans ce même temps, un autre groupe travaillait sur les couverts et un autre sur les prairies. Dans un second temps, les groupes ont changé de sujet, mais étaient amenés à compléter ce qu’avaient fait les groupes précédents. Enfin, un troisième temps était consacré à la rédaction de propositions. Là encore, les groupes avaient changé de sujet.
En conclusion
Un échange entre Patrick Durand, directeur de recherche à l’INRA et Philippe Desnos, ingénieur au sein de l’association TRAME – Tête de réseaux associatifs de développement agricole et rural, a conclue la journée.
Un des aspects qui ressort fortement de cet échange, des discussions et interventions de la journée, est la nécessité de sortir des approches « parcellisées » pour aller vers des approches « systèmes » et des réflexions globales. Ceci semble traduire un changement d’approche dans la mesure où l’approche relative aux fuites d’azote a longtemps reposé sur des mesures que l’on pourrait qualitfier de parcellisées, tendant à améliorer l’efficacité des pratiques, sans nécessairement en appréhender les effets systémiques.
Dans ce contexte marqué par une plus grande complexité, la recherche est appelée à produire des connaissances vers des nouveaux systèmes agroécologiques. Il s’agit aussi de développer des outils d’évaluation multicritères des systèmes en mobilisant les acteurs de terrain dans des travaux de co-construction.
Les services écosystémiques pourraient être intégrés à ces indicateurs, même si cela pose des challenges scientifiques majeurs, y compris faisant appel aux sciences économiques (notion de consentement à payer).
Ressources complémentaires
Dans le cadre du programme de recherches ANR Acassya (Accompagner l’évolution agro-écologique des Systèmes d’élevage dans les bassins versants côtiers) et du plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes, l’élaboration d’un projet territorial basé sur la co-construction de systèmes à très basses fuites d’azote a été initié en 2009 sur le bassin versant de la Lieue de Grève (Lannion, Côtes d’Armor).
Expérimentations visant la mise en place de solutions « basses fuites d’azote » entreprises dans le cadre des Charte de territoire signées sur les territoires de Baies Algues vertes en Bretagne. Elles portent sur
- L’accompagnement individuel des exploitants : diagnostic – conseil
- Les investissements agricoles
- Les mesures agro-environnementales
- L’aide Breizh-Bocage
- La valorisation des productions des baies algues vertes
- Les expérimentations agronomiques