PLAV2 : Le groupe d’appui scientifique à la rencontre des territoires

Thématique | Algues vertes | Publié le 06 avril 2022
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En 2019-2020, le groupe d’appui scientifique au PLAV2 a souhaité être plus en prise avec les territoires. Ainsi, des rencontres étaient organisées par la cellule d‘animation du Creseb, dans six des huit baies “algues vertes”, entre les chercheurs et les porteurs locaux des programmes d’actions. Elles ont permis d’apporter des enseignements réciproques à chacun et d’engager des propositions en terme de projets d’accompagnement.

Table of Contents

Des rencontres locales

Après une première phase d’appui scientifique au PLAV2 axée en 2017-2018 sur l’identification des besoins des acteurs, la mise à disposition de connaissances existantes et le lancement d’études complémentaires, le groupe d’appui scientifique a rencontré les acteurs locaux dans chaque territoire en 2019-2020. A l’occasion de réunions ouvertes et informelles, il a ainsi pu interagir avec les élus et les équipes techniques, auxquels étaient associés parfois d’autres partenaires locaux.

Les scientifiques souhaitaient se situer dans une posture de disponibilité et d’attention vis-à-vis des acteurs en charge de la conception et de la mise en œuvre des actions de terrain, afin d’aider à l’émergence de questionnements partagés. Ces échanges ont été l’occasion notamment d’un dialogue direct entre porteurs locaux du PLAV et scientifiques, ces derniers pouvant répondre en séance aux questions posées et en retour, être mis en capacité de mieux comprendre et intégrer les préoccupations et les freins aux actions des acteurs.

Ces rencontres ont permis de porter avec les équipes locales un regard rétrospectif sur l’engagement de leur territoire, sur la dynamique du PLAV et d’échanger sur leurs besoins d’appui scientifique ou de clés de lecture tant sur la gouvernance des politiques publiques, la dynamique des acteurs, les changements de systèmes agricoles que sur l’évolution de la qualité de l’eau et la compréhension des processus entrainant la marée verte. 

Des réflexions et questionnements partagés

Les sujets abordés étaient variés et différents selon l’historique et le contexte local. Sur l’ensemble des rencontres, les échanges et questionnements ont porté principalement autour de trois grands thèmes :

Les compétences et les marges de manœuvre des élus locaux

  • Le rôle et les responsabilités élargies des élus locaux dans le cadre des recompositions territoriales liées à la restructuration de l’intercommunalité et de la prise de compétence GEMAPI ; la prise en compte difficile de la transversalité et la cohérence des politiques au sein des nouveaux EPCI (SCOT, PCAET, PLUi, …) ; le besoin de formation et d’accompagnement des nouveaux élus,
  • les marges de manœuvre des élus locaux vis-à-vis des orientations agricoles, voire alimentaires, au sein de leur territoire : quelle politique agricole et quel projet de territoire veut-on localement ? comment maintenir et/ou développer de façon harmonieuse les économies touristiques et agricoles et organiser les débats autour de ces problématiques ?

L’accompagnement des évolutions agricoles

  • la stratégie d’intervention et de mobilisation à privilégier par rapport aux agriculteurs : volontariat, ciblage, réglementation, renforcement du contrôle ?
  • l’approche systémique à l’échelle des exploitations et du bassin versant pour une évolution des systèmes de production :  comment intégrer une approche systémique et des enjeux du territoire dans le conseil individuel au changement de systèmes agricoles ; la nécessité d’une approche économique et d’outils incitatifs adaptés ;
  • les actions sur le foncier : quel outil mobilisable pour les collectivités, à quelle échelle aborder cette problématique pour être efficace ;
  • l’implication nécessaire des filières et des coopératives agricoles ;
  • l’importance du rôle des entreprises de travaux agricoles (ETA et CUMA) : forte délégation de travaux agricoles, besoin de formation des personnels.

La communication au sein des territoires

  • Le besoin de communiquer sur le PLAV en lui-même auprès de la population (chemin parcouru, actions en cours), de débats publics et d’expressions des différents acteurs, de dialogues des différents citoyens avec les agriculteurs ;
  • L’importance de construire un récit par et pour les acteurs pour se rendre compte de ce qui s’est passé, des décisions prises afin de permettre une mise en mémoire et une acculturation (réflexivité, prise de distance, etc.).

Ces échanges ont été aussi l’occasion d’interroger les scientifiques sur des points particuliers, faisant appel principalement aux connaissances en hydrologie et agronomie :

  • Besoin de clés d’interprétation de l’évolution de la qualité de l’eau, de l’impact des eaux souterraines vis-à-vis des temps de réponse et de l’évolution des flux d’azote à l’exutoire ;
  • Meilleure compréhension des voies de transfert des nitrates dans les bassins versants, du rôle des structures paysagères (haies, zones humides) et de leur efficacité vis-à-vis des nitrates ;
  • Moyens d’évaluation des actions mises en place : quels indicateurs de résultats possibles pour évaluer les réductions de fuite d’azote dans le cadre de projets de paiements pour services environnementaux (PSE) ? comment évaluer les exploitations en transition et leurs « gains » au-delà du paramètre azote (climat, captation carbone, réduction GES..).

Des apports de connaissances et préconisations

Au cours de ces échanges, des réponses ont pu être apportées sur des questions ponctuelles spécifiques au contexte local et transcrites dans les comptes rendus de réunion. Pour certains questionnements portés également à l’échelon régional et sollicitant l’expertise scientifique, des membres du groupe d‘appui en collaboration avec le Creseb ont produit deux notes de synthèse faisant état des connaissances scientifiques existantes et de préconisations.

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Zones humides et haies | Rappels sur leur rôle et leur efficacité pour réduire les flux de nitrate
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Mise en place de paiements pour services environnementaux rendus pour la qualité de l’eau, les milieux aquatiques et la biodiversité

Des actions et projets d’accompagnement

Suite à ces rencontres locales, deux chantiers prioritaires ont été identifiés par le groupe d‘appui scientifique au PLAV. Celui-ci s’est investi en 2020-21 sur le premier chantier et propose en 2022 un projet de recherche-action pour le second chantier :

Accompagnement des nouveaux élus en charge de la lutte contre les algues vertes (2020-2021)

  • Explorer ensemble la complexité de la problématique et l’évolution des dynamiques en jeu dans la lutte contre les algues vertes ;
  • Favoriser une transmission entre les élus engagés et expérimentés depuis plusieurs années et les nouveaux élus en 2020 (élections municipales et régionales) ;
  • Enrichir les représentations et points de vue que l’élu peut avoir sur le sujet.
Accompagnement des nouveaux élus impliqués dans le PLAV

Accompagnement prospectif pour atteindre les objectifs de réduction des proliférations d’algues vertes des masses d’eaux côtières (2022)

Engager une réflexion collective et prospective sur les moyens possibles et nécessaires pour atteindre cet objectif DCE 2027, au travers d’un projet de recherche-action intégré et interdisciplinaire.

L’atteinte des objectifs de réduction de flux de nitrates et de réduction de biomasse algale visés par les politiques publiques, oblige à reconsidérer en profondeur les formes d’intégration de l’activité agricole dans les territoires touchés, qu’il s’agisse des systèmes de production, de la conduite et de la structure des exploitations, des infrastructures paysagères. Cet ancrage territorial nécessaire se devra aussi d’inclure une approche économique intégrant le contexte de la politique agricole commune, le rôle des filières agricoles et agro-alimentaires ainsi que les problématiques foncières et tout cela dans un contexte de changements globaux.

Le groupe d’appui scientifique considère qu’il est nécessaire d’accompagner les territoires ‘baies algues vertes’ dans la construction de trajectoires de transition agro-écologique, au-delà du simple objectif de réduction des fuites de nitrate et en cohérence avec d’autres objectifs de transition que peuvent porter les territoires aujourd’hui (alimentaire, environnementale, énergétique, sociale). Pour élaborer les scénarios envisageables, le groupe scientifique propose de mener un projet de recherche-action permettant la co-construction de ces trajectoires et s’appuyant sur un dialogue étroit entre porteurs d’enjeux.

Une étude de préfiguration d’un tel projet de recherche-action a été proposée en 2022 à la Coordination régionale du PLAV. Financée par le Conseil régional de Bretagne et dénommée “Prétabaie”, elle démarre en mars 2023 pour une durée d’un an.

échouage d'algues vertes dans la baie de St-Brieuc
PRETABAIE | Vers un projet de recherche-action sur la transition agro-écologique des baies à marées vertes

Aller plus loin

Site web du CRESEB
Dès 2016, le Creseb a été sollicité par l’Etat et la Région Bretagne afin d’organiser l’appui scientifique dans le cadre du second plan de lutte contre la prolifération les algues vertes (PLAV2).

Le Creseb accompagne des projets de recherche sur cette thématique, organise régulièrement des journées d’échanges avec les scientifiques et les acteurs de la gestion intégrée de l’eau. De nombreuses ressources documentaires sont également référencées su son site.

Retrouvez ici l’ensemble des contenus référencés sur le site du Creseb ayant attrait aux marées vertes.