La restauration morphologique des cours d’eau est fondamentale pour l’atteinte du « bon état » des eaux fixé par la DCE. Un des enjeux principaux pour les gestionnaires de l’eau est de parvenir à mobiliser les acteurs de territoires autour de ces projets. Depuis 2015, le Creseb anime le partage de connaissances et favorise la coopération entre chercheurs en sciences sociales et acteurs des territoires sur cette problématique.
Table of Contents
L’état des lieux mené en 2013 sur le bassin Loire Bretagne dans le cadre de l’élaboration du SDAGE a mis en avant un risque de non atteinte des objectifs environnementaux en 2021 pour 50 % des masses d’eau lié à la morphologie des cours d’eau. Suite à cet état des lieux, « Restaurer des cours d’eau dégradés » est l’une des 4 orientations fixées dans le premier chapitre « Repenser les aménagements de cours d’eau » du SDAGE 2016-2021 Loire Bretagne. Dans le programme de mesure du bassin Vilaine et Côtiers bretons, la restauration hydromorphologique des cours d’eau occupe une place prépondérante du volet milieux aquatiques, en terme d’actions et de budget. Pour autant ces opérations de restauration peinent à se déployer sur le territoire.
Approfondissement du besoin avec les acteurs
En 2015, le Creseb a organisé une première journée d’échanges entre acteurs de la gestion de l’eau et scientifiques sur le thème de la morphologie des cours d’eau.
A l’issue de ces échanges, la question de la sensibilisation en lien avec la mobilisation des élus et des usagers autour des projets de restauration morphologique est ressortie comme étant un frein au développement de ces opérations. Si les connaissances techniques et les financements sont à la hauteur pour répondre à l’ambition des projets, c’est au niveau de l’acceptation des opérations par les populations locales (riverains, usagers, élus…) que le déploiement de ces projets est freiné.
En effet, si la restauration hydromorphologique des cours d’eau est nécessaire pour l’atteinte du bon état des eaux fixé par la DCE, son élaboration et sa mise en œuvre sur le terrain sont complexes. Elle implique une intervention sur le cours d’eau lui-même mais également sur le foncier qu’il traverse, le plus souvent privé. Ces opérations modifient potentiellement les usages et la structure du paysage en place, touchant de manière plus générale au fonctionnement et à l’identité du territoire.
Devant ces enjeux, toute la complexité repose sur l’articulation entre pertinence sociale et politique à l’échelle locale du projet et ambition technique vis-à-vis des objectifs fixés par la DCE.
Comment mobiliser les acteurs autour d’opération de restauration ?
Face à ces difficultés et pour donner de l’ampleur à ces actions de restauration morphologique de cours d’eau, le CRESEB a mené une première réflexion autour de la question suivante : Comment sensibiliser et mobiliser les acteurs, élus locaux et riverains, dans les projets de restauration morphologique de cours d’eau bretons ?
Le travail réalisé par Camille Barkallah en 2016 a permis de montrer que même si l’implication des acteurs en phase amont des projets peut être un levier, la manière d’associer les individus dans la démarche semble plus déterminante (négociation partagée, argumentation diversifiée, lien représentation/argumentation). En effet, un projet de restauration nécessite une construction avec les acteurs et usagers pluriels du territoire. Il apparait essentiel de prendre en compte les enjeux sociaux de ces projets, c’est-à-dire le contexte social et culturel dans lequel le projet s’insère ainsi que les attentes des différents acteurs concernés directement ou indirectement par la restauration.
Des outils pour faire émerger le consensus
Le projet Morpheus, élaboré dès 2017 en partenariat avec le Creseb s’inscrit dans la suite du travail de Camille Barkallah. Il a pour objectif de comprendre comment, de l’élaboration du projet de restauration jusqu’à sa mise en œuvre, s’articulent les dimensions sociales, culturelles et politiques avec les exigences environnementales et juridiques auxquelles la restauration doit répondre. Ce projet ambitionne de produire des outils méthodologiques pour accompagner les techniciens en identifiant des leviers pour convaincre et faire émerger le consensus sur ce type de projets. Pour ce faire, un travail étroit de collaboration et de construction entre les scientifiques du projet et des acteurs de terrains a été réalisé, au travers des études de cas (Rance des Faluns, Couesnon Aval, Flume, Leff et Trieux) et des ateliers participatifs.
Allez plus loin
Le Creseb accompagne des projets de recherche sur cette thématique, organise régulièrement des journées d’échanges avec les scientifiques et les acteurs de la gestion intégrée de l’eau. De nombreuses ressources documentaires sont également référencées sur son site.