Anticiper l’impact du changement climatique sur l’évolution des risques hydrogéologiques le long des côtes basses de Normandie
Le projet Rivages Normands 2100 est un programme de recherche partenarial porté par l’Université Rennes 1, la DREAL Normandie, et l’Agence de l’eau Seine Normandie, associant également des collectivités locales de la Manche et du Calvados. Ce projet fédère une communauté d’acteurs autour d’un objectif commun : la gestion des risques hydrogéologiques littoraux (salinisation, inondation) en lien avec l’élévation du niveau de la mer et le changement climatique.
Les principaux objectifs de ce projet sont 1/ de modéliser les effets du changement climatique sur les inondations par les remontées de nappes phréatiques et la migration du biseau salé sur la bande arrière-littorale normande ; 2/ d’analyser les impacts socio-économiques (enjeux étudiés : zones urbanisées, captages eau potable et agriculture).
Ce projet s’articule autour de 2 thèses et de 2 post doctorats, de l’implantation d’un réseau piézométrique littoral et du développement d’une interphase cartographique à destination des usagers.
Les résultats du projet Rivages Normands 2100 alimenteront les réflexions des collectivités sur la définition d’une stratégie d’adaptation aux risques hydrogéologiques littoraux.
Inondations des zones littorales
Les nappes d’eau souterraine littorales se rechargent rapidement et se vidangent lentement. En cas de recharge importante, le réservoir aquifère peut déborder ce qui génère des inondations. Les débordements de nappe interviennent dans les points bas du littoral. Ils affectent les activités agricoles ainsi que les infrastructures et les bâtiments, et provoquent différents types de dommages : inondation, déformation du bâti, vieillissement des réseaux, problèmes sanitaires. En Normandie, 2,6 % du territoire est situé sous le niveau marin actuel. La DREAL Normandie a élaboré des cartes d’aléa qui témoignent des risques actuels. Rivages normands 2100 préfigure les risques futurs en modélisant notamment les effets du changement climatique sur les inondations par les remontées de nappes phréatiques.
Salinisation des eaux souterraines
Dans les aquifères littoraux, les eaux salées se trouvent à grande profondeur et ne représentent en général aucune menace pour les activités de surface. Cependant, à la faveur de pompages mais aussi du drainage des zones humides, le biseau salé peut remonter et contraindre certaines activités ou aménagements. L’élévation du niveau marin et la diminution des flux d’eau douce provenant du continent, tel que prévu par les scénarios du GIEC, vont favoriser la pénétration et la remontée du biseau salé dans le futur. Le sel pénètre aussi dans les marais via des surverses de la mer, en période de vives-eaux. Ces surverses seront de plus en plus fréquentes dans le futur. Rivages normands 2100 s’intéresse au risque de salinisation des eaux souterraines au travers de la mise en place d’un réseau de suivi de l’avancée de l’intrusion saline sur les sites référencés, et de la modélisation des effets du changement climatique sur la migration du biseau salé. Différents scénarios d’élévation du niveau marin seront testés dans ces modèles pour des horizons de moyen terme (2050) et long terme (2100).
Une communauté d’acteurs
Le projet Rivages normands 2100 fédère une communauté d’acteurs autour d’un objectif commun : la gestion des risques hydrogéologiques littoraux.
- Des chercheurs de l’Université de Rennes et de Caen dans les domaines de la géologie, de la modélisation hydrologique, des sciences de l’information, de la géographie et de la sociologie
- Des ingénieurs de l’Etat et de l’AESN
- De nombreuses collectivités
- Deux syndicats de production d’eau potable
Des territoires pilotes
Cinq sites pilote situés sur le littoral normand et représentatifs des milieux et des enjeux rencontrés (urbanisme, agriculture, AEP, santé, micro/macro économie, biodiversité et patrimoine) font l’objet d’études approfondies à partir desquelles les connaissances sont régionalisées (Carteret-Portbail, le Havre de Saint-Germain-sur-Ay, Agon-Coutainville, la Baie du Cotentin, Caen la Mer et Ouistreham et l’Estuaire de l’Orne).